LES PIERRES REGIONALES qui ont servi pour CONSTRUIRE GRENOBLE
Wolf Fischer qui nous accompagne a
créé un site où ce sujet des pierres régionales ayant servi pour construire les
maisons de Grenoble, sujet géologique un peu particulier : http://geopatrimoine.free.fr
Départ de l’ancienne carrière de
la Bastille (au départ de
L’urgonien est très présent dans
la région mais il présente deux inconvénients : les strates sont très
épaisses ce qui est peu pratique pour des éléments de construction et avec
l’usure, il se polit très bien et devient extrêmement glissant, il paraît exclu
de l’utiliser pour tailler des bordures de trottoir.
Le sénonien, calcaire au grain
plus gros est peu utilisé à Grenoble. Ses strates souvent peu épaisses sont
favorables à l’exploitation en lauzes.
Le calcaire du Bec de l’Echaillon
donne de très belles pierres de construction utilisées pour les plus beaux
bâtiments. Il fournit du beau calcaire blanc ou rose, l’exploitant des
carrières extrait aussi de l’urgonien à proximité qu’il a dénommé abusivement
de l’Echaillon jaune. Ces roches sont exportées dans toute la France et même à
l’étranger.
Le calcaire du Fontanil a aussi
exploité pour ses pierres, la surface est grise un peu bleutée si elle est
exposée à l’air depuis longtemps (patine), sinon un cassure fraîche est rouille
très claire. Cette roche est responsable de la couleur grise assez sombre des
rues des vieux quartiers. (information que j’ai eue lors d’une visite de la
vieille ville avec un conférencier: la ville de Grenoble était régulièrement
envahie par les inondations, pour limiter les dégâts il est devenu obligatoire
de construire le premier étage des immeubles en pierres ce qui explique
l’utilisation massive de pierres régionales).
La molasse a aussi été utilisée
(gré glauconieux à ciment calcaire), on en retrouve par exemple rue St Laurent.
C’est une pierre tendre et par exemple les rebords de fenêtres en molasse non
entretenus (?) ont pratiquement disparus. La carrière se trouvait à la
Gachetière après St Egrève.
Le travertin (tuf calcaire) a été
peu utilisé à Grenoble, il venait de La Sône vers St Marcellin. Le nom de
travertin vient de Travertino, ville prés de Rome où cette pierre était
exploitée.
La Bastille a été construite avec
des pierres prises sur place c’est à dire du calcaire de la Porte de France.
On retrouve cette roche dans
l’éperon rocheux de la Porte de France : calcaire à grains fins dont la
patine et blanche et dont la cassure est gris foncé, cette blancheur serait due
à tous les trous microscopiques creusés par l’eau de pluie qui favoriseraient
la réflexion de
Le monument de la Porte de Franceest décoré par une alternance de pierres blanche (urgonien) et de pierre grise
(calcaire de la Porte de France).
En poursuivant le long de l’Isère
vers l’amont, juste après les rochers, on trouve les deux piliers d’un portail
très érodés et dont la surface s’écaille. La couleur grise de la surface qui
devient rouille claire lorsqu’on retire une écaille est typique du calcaire du
Fontanil. Soit l’usage trop important des explosifs en carrière a fragilisé la
roche lors de l’extraction, soit les pierres ont été taillées dans une strate
un peu plus argileuse.
Les colonnes monobloc de la
bâtisse qui suit et qui est en face du pont sont aussi en calcaire du Fontanil
mais il est en meilleur état probablement parce que plus calcaire. Le calcaire
de la face externe est plus érodé qu’à l’intérieur et le bouchardage a presque
disparu sur les faces exposées aux intempéries alors qu’il subsiste en bon état
sur la face abritée. Les bordures au sol délimitant la partie plus élevée du
sol de la bâtisse sont en calcaire urgonien très compact, blanc un peu jaune et
très poli (certainement bien glissant par temps de pluie).
Les piliers de l’entrée du jardinqui monte à la Bastille ne présentent pas les caractéristiques des calcaires
environnants, ce peut être des blocs venant de Montalieu. Les stylolithes(formés sous l’effet de la contrainte) sont très visibles car leur rebord a été
plus attaqué par l’érosion que la masse du calcaire. Il est probable que les
carriers aient vu ces stylolithes et qu’ils aient pris soin de les placer à
l’horizontale.
Au-delà sur le quai St Laurent, la
grande bâtisse qui est une ancien fort ou bâtiment militaire présente des
rebords à la surface un peu bréchique caractéristique du calcaire de la Porte
de France. Autrefois, il y avait un petit port à ce niveau et ce fort devait
être au bord de l’Isère; la route de Lyon passait au-dessus du Rabot. La façade
latérale de ce bâtiment utilise des blocs d’urgonien (ou Echaillon blanc, il
est difficile de faire la différence).
De nombreuses maisons sont
construites avec un premier étage fait de grosses pierres grises présentant par
endroit (plutôt vers les rebords mais pas toujours) des taches orange
clair : ce sont des calcaires du Fontanil. Parfois le bord supérieur ou
inférieur de blocs est un peu délité: ceci signifie que la pierre a été
extraite à la limite d’une zone plus marneuse. A la limite entre le premier et
le second étage des immeubles, de nombreux rebords sont très érodés : ils
avaient été taillés dans de la molasse plus tendre mais ils n’ont tenu dans le
temps (fonction l’exposition qui joue un grand rôle dans l’érosion).
La Fontaine du Lion, quai
Perrière, est sculptée dans un énorme bloc urgonien. On y voit de nombreux
fossiles : polypiers, corail…
Dans
L’église St Laurent est construite
en molasse ce qui lui donne une couleur particulière. Les colonnes non changées
aux fenêtres et les sculptures sont en mauvais état. La base de l’édifice est
en calcaire clair, plutôt du kimméridgien que du tithonique.
Au-delà de l’entrée du musée de
l’église St Laurent, un grand bâtiment raccordé à la casemate est surmonté de
créneaux taillés dans du travertin. Les autres pierres de ce bâtiment sont en
calcaire de la Porte de France, plusieurs de ces blocs présentent des fentes de
tension remplies de calcite ce qui est dans la région un indice fort de
calcaire du jurassique supérieur tithonique ou kimméridgien). Les caniveaux de
la place sont taillés dans de l’urgonien.
Notre itinéraire remonte ensuite
le quai de l’Isère pour revenir à
Les piles de
Nous arrivons à l’ancien palais de
justice par le coté. Les annexes latérales ont été construites avec des pierres
d’un calcaire qui pourrait venir de Crémieu ou Montalieu (peut être
oolithique).
La façade du palais de justice
tout juste ravalée joue du contraste entre le gris qui paraît foncé du calcaire
du Fontanil et de la blancheur du calcaire de l’Echaillon utilisé pour la
partie centrale.
En remontant vers le jardin de
ville, les molasses utilisées dans la construction du théâtre sont en bon
état : meilleur entretien ou plutôt exposition plus favorable (ou bonne
restauration ?).
De l’autre coté de la rue c’est
l’hôtel Lesdiguières avec en haut une échauguette en travertin fort érodée et à
coté une grosse tour en molasse.
Dans le pilier W du portail
d’entrée dans le jardin de ville sur le coté de l’hôtel Lesdiguières, un bloc
jaunâtre fait tache au milieu des autres blocs de calcaire urgonien presque
blanc. En regardant de prés, des orbitolines sont visibles dans les zones les
plus ocres de la face de ce bloc et il est vraisemblable que ce bloc d’urgonien
ait été prélevé à la limite d’une couche à orbitolines plus argileuse et que
cela ne se soit pas vu à l’époque. Cette face était néanmoins plus fragile vis
à vis de l’érosion d’où cette différence.
Le porche d’entrée de l’église
réformée à l’angle des rues Hébert et Fourier est encadrée de deux colonnes de
calcaire rose du Bec de l’Echaillon. Elles sont en mauvais état mais ce que
nous pouvons voir sur la face du coté du mur montre qu’elles devaient être fort
belles. On retrouve des colonnes de ce type à l’église de La Monta près de St
Egrève.
Nous regagnions ensuite la place
de Verdun avec tous ces bâtiments construits en pierres dans le même style. La
partie basse est construite avec des blocs de calcaire de la Porte de France
dont les surfaces horizontales sont très érodées. Au-dessus des blocs
d’urgonien ont été utilisés pour la base des murs. Au-dessus encore, les
montants en pierre qui ressemblent à du béton mais on peut voir quelques
fossiles, il s’agit en fait de blocs de gré d’une autre région, peut être du
sud de la France.
C’était une belle balade
géologique citadine.
vers:galerie de photos
Vers